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Noé sauvé d'un arrêt cardiaque à l'école maternelle de Voué : deux maîtresses et une ergothérapeute honorées par l'État
« Ce sont des anges descendus du ciel… Je n'aurais jamais assez d'une vie pour les remercier de ce qu'elles ont fait ! » Les yeux de Vanessa brillent quand on lui parle de Julie Traimany et Émilie Marchal-Ferry, professeures des écoles, et Élise Doré-Deltombe, ergothérapeute. Le mardi 17 juin, les 3 encadrantes de l'école maternelle de Voué
(Aube)
ont sauvé la vie de son jeune garçon de 6 ans, victime d'un arrêt cardiaque dans la cour de récréation.
« Noé venait de terminer sa séance d'ergothérapie et j'étais en train de raccompagner Élise à la grille quand j'ai vu Noé par terre… Une petite fille m'a dit qu'il ne bougeait plus », se souvient Julie. Présente dans le couloir, sa collègue Émilie accourt quand elle entend l'appel au secours de sa collègue. « Je savais pertinemment qui était Noé car c'est un petit garçon qui a une malformation cardiaque comme mon fils… J'ai lâché mes élèves de petite section et je suis intervenue directement en cours de récré. »
Alors que Noé ne respire plus, les 3 encadrantes se coordonnent tandis que leurs élèves restent sous la surveillance des ATSEM. Élise et Émilie se lancent dans un massage cardiaque pendant que Julie se charge d'appeler et de garder le contact avec les secours. Pendant 20 interminables minutes, elles feront le maximum pour tenter de faire redémarrer le cœur de Noé. « C'est le médecin du Samu qui nous a dit à son arrivée qu'il y avait un pouls, mais très faible », souffle Élise. « Julie avait posé le téléphone du Smur à côté de moi, et la dame m'indiquait les gestes à faire, le remettre sur le dos, le rythme à tenir », complète Émilie. Les gendarmes, puis les pompiers et secouristes sont progressivement arrivés sur place et ont pu utiliser un défibrillateur.
Le cœur du petit garçon repart, l'intervention des 3 jeunes femmes a été essentielle. Noé souffre en effet du syndrome du QT long, un dérèglement de son rythme cardiaque. « S'il n'a pas de traitements, son rythme cardiaque peut monter très haut ou descendre très bas… Ce sont les montagnes russes », explique Vanessa, la mère de Noé. Un tel malaise ne lui était cependant jamais arrivé. « S'il n'avait pas été à l'école à ce moment-là, je ne sais pas s'il aurait été sauvé… À la maison, je ne sais pas si j'aurais réagi de la même façon. Quand ce sont nos enfants, ce n'est pas pareil. »
Héliporté a Reims, Noé a ensuite été transféré à Paris où lui a été posé un pacemaker avec un défibrillateur. « Comme ça, si son cœur s'arrête de nouveau, il pourra repartir », précise, soulagée, la maman.
En parallèle, une cellule psychologique a été mise en place dans l'établissement, notamment pour les petits écoliers qui ont été brièvement témoins de la scène. « Ils l'ont vu par terre et ils ont vu qu'il ne bougeait plus. Ils ont eu besoin de petites vidéos, de petites photos de Noé et ils étaient ravis que Noé puisse être avec nous le dernier jour de cette année scolaire. Beaucoup de parents m'ont dit que ça avait fait vraiment du bien aux enfants », confie l'enseignante Julie Traimany.
Car le petit garçon a pu retrouver ses camarades lors d'une journée de fête juste avant les grandes vacances, au sein d'une école spécialement décorée en son honneur. « Son anniversaire est le 19 juin, 2 jours après son arrêt cardiaque… Du coup, il a pu souffler les bougies avec tous ses copains ! C'était un moment très chouette. Moi, je n'avais qu'une hâte, c'est de voir Julie, Émilie et Élise, les prendre dans mes bras et leur dire merci », confie Vanessa.
Au-delà de l'émotion, cet épisode rappelle l'importance de la formation aux gestes de 1er secours. « Quand on voit qu'on l'a fait et que ça a marché, je me dis vraiment qu'il faudrait que tout le monde soit formé dès le lycée », souligne l'ergothérapeute Élise Doré-Deltombe. « Il y a des formations facultatives qui sont mises en place par l'Éducation Nationale, mais ce serait bien qu'elles soient obligatoires et que ça profite à un maximum de personnels », ajoute l'enseignante Émilie Marchal-Ferry, qui a bénéficié d'une mise à jour l'an dernier grâce à une séance de formation avec les pompiers. « Elle savait comment faire », indique sa collègue Julie Traimany. « Il faut que les formations soient renouvelées, car la mienne remonte à il y a 17 ans ! »
L'importance des gestes qui sauvent, c'est ce qu'a rappelé le préfet de l'Aube, Pascal Courtade, ce 18 juillet, au moment de remettre une très officielle lettre de félicitations pour acte de courage et de dévouement aux 3 intervenantes qui ont sauvé la vie de Noé. « Un enfant sur 80 est atteint d'une maladie cardiaque, 1 sur 100 naît avec une malformation cardiaque nécessitant un suivi et 1 sur 200 développera une pathologie cardiaque avant la fin de son adolescence… C'est notamment pour nos enfants qu'il convient d'être formé aux gestes de 1er secours », précise Pascal Courtade.
Un constat qui vaut aussi pour les adultes. « Chaque année, 50 000 personnes meurent prématurément d'un arrêt cardiaque, 90 % sont fatals sans interventions immédiates et pour les victimes qui bénéficient de gestes de 1ers secours, 4 sur 5 sont sauvées », reprend le préfet. Une population bien formée pourrait ainsi sauver la vie de nombreuses autres personnes, comme le petit Noé.